Hexane : un solvant pétrochimique persistant dans notre alimentation
À l’automne 2025, Greenpeace a révélé que près de deux tiers de 56 produits alimentaires courants analysés contenaient des traces d’hexane : huiles végétales, produits laitiers, viandes, lait infantile. Dans la foulée, médecins et scientifiques ont alerté publiquement sur ce solvant issu du raffinage du pétrole, omniprésent mais largement ignoré.
L’hexane est utilisé à grande échelle pour extraire les huiles de graines. Cette technique, généralisée depuis les années 1950, offre des rendements élevés à faible coût. Résultat : plus de 95 % des huiles conventionnelles vendues en supermarché sont concernées. Concrètement, il sert à extraire l’huile des graines de tournesol, de colza ou de soja. Pour un coût dérisoire, cette méthode permet d’extraire jusqu’à 97 % de l’huile, quand la pression mécanique traditionnelle plafonne à 89 %.
Le risque sanitaire est pourtant bien documenté. Neurotoxique reconnu, l’hexane est métabolisé par le foie en une molécule encore plus dangereuse, la 2,5-hexanédione, l’un des neurotoxiques les plus puissants connus. Ce point est crucial : le foie ne neutralise pas l’hexane, il peut au contraire en accroître la toxicité.
Substance lipophile, l’hexane (et ses métabolites) se fixe durablement dans les tissus riches en graisses, notamment le cerveau. Cette rémanence favorise une exposition chronique, silencieuse, avec un risque cumulatif au long cours. Des études suggèrent des liens avec des maladies neurodégénératives (Parkinson) et des perturbations endocriniennes affectant la fertilité, le développement embryonnaire et la santé métabolique.
Pour le consommateur, le problème est invisible : classé comme « auxiliaire technologique », l’hexane n’apparaît pas sur les étiquettes. Il est présent dans les huiles raffinées et de nombreux produits transformés, mais aussi indirectement dans les produits animaux, via l’alimentation du bétail à base de tourteaux contaminés. Il se retrouve ainsi dans le lait, le beurre, la viande et les œufs.
La réglementation repose sur des données toxicologiques datant de 1996, aujourd’hui jugées insuffisantes et inadaptées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Malgré cela, l’usage de l’hexane demeure autorisé, y compris alors qu’il est classé par l’ECHA comme substance toxique pour la reproduction.
Greenpeace pointe notamment le groupe Avril, acteur central de la filière des huiles et propriétaire de marques largement consommées : Lesieur, Puget, Isio — y compris Isio 4, citée en fin de rapport.
Réduire l’exposition passe par des choix individuels (huiles bio ou « première pression à froid », limitation des produits ultra-transformés), mais de plus en plus d’experts estiment que cela ne suffira pas. La question de la transparence, de l’étiquetage et de l’interdiction de l’hexane dans l’alimentation s’impose désormais comme un véritable enjeu de santé publique.